samedi 21 mars 2009


Slick Dessin 09
Du 28 au 30 mars 2009
Opening et vernissage le vendredi 27 (sur invitation)
service voiturier

Horaires
Samedi 28 et dimanche 29 mars de 11h à 20h
Lundi 30 mars de 11h à 16h
(fermeture des caisses 20mn avant)

Adresses
Atelier Richelieu
60, rue Richelieu, 75001 Paris
Métro et Parking : Bourse


- ANNE BRUNET -


A Fleur de Peau
par Frédéric-Charles Baitinger

Coquettement perdue au centre de ses dessins, Anne Brunet, graphiste-poète, incise la plaie ouverte de ses fantasmes. D'un trait patient, toujours immaculé, les figurines qu'elle trace sont le reflet inversé des images publicitaires. Aux harems virtuels de la pornographie, cette artiste sensible et inspirée oppose la candeur d'un monde peuplé de monstres dodus et de femme-enfants.

Retournant aux sources fécondes de l'orientalisme, Anne Brunet interroge la féminité; met en scène le rêve de son impossible innocence – la bouche ouverte et le ventre tailladé. A travers l'Olympia de Manet, l'odalisque de Boucher, les Bain turques d'Ingres, voici l'image de la femme ultra moderne qui s'avance, doublée de son plus horrible cauchemar.

Fille lointaine des rêves sauvages de Madame Edwarda, l'image de la femme souveraine et libre se mue ici en son contraire. Le charme entêtant de l'orient s'est délicatement recouvert d'une fine pellicule de plastique et les lèvres nubiles et fraîches des courtisanes d'antan ont pris les teintes sombres et menaçantes de la nuit. Et pourtant, même si l'érotique de ces oeuvres évoque le corps fétiche et morcelé, il serait triste de ne pas voir à quel point sous ces apparences meurtries l'appel de la grâce palpite encore.


Confiant à l'oiseau-fleur la tâche sublime d'habiller ses poupées de grâce, chacune des oeuvres d'Anne Brunet semble vouloir confier sa fécondité à la rondeur des nuages, à l'abondance des formes, aux gouttes suspendues des larmes; dans l'univers d'Anne Brunet, le motif – tantôt oiseau, tantôt fleur - est le sujet inconscient d'une envie infinie de douceur.


KOHARUTIE


Self-Renewal
par Frédéric-Charles Baitinger

Explorant l'envers émotionnel des illustrations pour enfant, Koharutie transgresse les codes d'un genre pour en inventer un nouveau : l'émo-pop Art, ou l'art de donner forme à ses angoisses à partir d'images faites pour exprimer de tout autres sentiments. Mêlant la naïveté la plus féconde à l'introspection la plus sévère, les oeuvres ainsi créées reflètent les paradoxes de toute notre génération : et si l'innocence n'était qu'un rêve – et la souffrance, le signe avant coureur de notre rédemption ?

Déchirant l'enveloppe de colère qui le retenait d'exposer au monde sa fragilité, Koharutie (en français, « l'enfant du printemps ») n'est pas seulement un aquarelliste de talent, mais un artiste sincère et sensible cherchant à faire de ses blessures d'enfant, le point de départ de sa renaissance. Self-renewal est le titre d'une de ses peintures.

Mais le bourgeonnement de cette nouvelle vie – par-delà la première qui lui a été donnée – ressemble aussi à une terrible maladie qui pousse celui qui s'y soumet à se retourner contre lui-même : à devenir l'ennemi de ses illusions passées. Prenant entre ses mains sa tête, qui aura la force de se soulever ? Les yeux ouverts sur le vide, les genoux à demi rongés, Koharutie dessine l'espérance étroite de nos espoirs déçus, et l'attente angoissée de nos amours en pleurs. Et si l'aveuglement volontaire était le chiffre sacré de notre condition; l'auto-sacrifice, le symbole de notre engagement dans le monde réel?


Le coursier le plus rapide qui nous porte vers la perfection est la souffrance dit Maître Eckhart. Car c'est toujours de la souffrance que naissent les fruits nouveaux de la vertu et de la charité. Koharutie le sait : sur les terres brûlées de nos absences, à l'heure exacte où les regrets se transmuent en repentir – s'élèveront des champs de fleurs en l'honneur d'une nouvelle Aphrodite; une Aphrodite au front tatoué et qui portera dans ses mains la rose nouvelle de son amour – réinventé.


U235



Pandémonium
par Frédéric-Charles Baitinger

A l'heure où les biotechnologies s'apprêtent à modifier en profondeur le génome humain; où l'avidité de certains groupes financiers menace de faire de tout organisme vivant une propriété privée, l'artiste U235, chef de file d'un mouvement prônant la liberté d'échange et d'information – le biopunk – nous livre une image aussi loufoque qu'adéquate du monde qui sera peut-être le nôtre demain.

L'oeil ouvert a pris la place de la bouche, et la bouche, celle du regard; les cellules grises du cervelet, glissant hors de la boite crânienne, se sont accouplées au corps tentaculaire d'un poulpe. Bricolage obscène de chairs et d'organes, sans ordre ni fonction, les créatures qui peuplent l'univers de l'artiste U235 (terme scientifique désignant l'uranium), non contentes d'être les filles illégitimes d'Hiroshima, sont aussi peut-être l'image prophétique des catastrophes qui nous attendent.


S'élevant sur un nuage de vers, le héros de ce pandémonium radioactif se nomme Mandarine. Le front percé d'un trou et le corps ourlé de kystes, son regard semble vouloir nous dire : voyez, je suis le dernier des hommes; le fruit vénéneux - mais pourtant fertile, du cauchemar infâme dans lequel vous me forcez à vivre. Des monstres qui m'entourent je suis l'ami et le guide. Ensemble nous représentons le dernier stade de l'évolution biologique : la germination d'une espèce hybride post-apocalyptique.


Et pourtant, envers et contre les déformations qui brouillent l'identité de chacun de ces corps et visages, U235 a su leur donner un supplément d'âme; une conscience pathétique de leur infirmité qui projette ses dessins bien au-delà d'une simple esthétique punk ou manga – dans un monde, mi-charmant mi-terrifiant, où les monstres sont devenus la norme et l'amour de la différence le trait de caractère qui les unit.
A la manière d'Empédocle, les dessins d'U235 nous chuchotent ce principe immuable :
« tout ce qui s'assemble et qui accède à la survie devient un être vivant et aimable ».


Slick Dessin 09
Du 28 au 30 mars 2009
Opening et vernissage le vendredi 27 (sur invitation)
service voiturier

Horaires
Samedi 28 et dimanche 29 mars de 11h à 20h
Lundi 30 mars de 11h à 16h
(fermeture des caisses 20mn avant)

Adresses
Atelier Richelieu
60, rue Richelieu, 75001 Paris
Métro et Parking : Bourse

http://www.galerie13jm.com

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